Et on en parle au présent (quoique le plus-que-parfait aurait été pas mal non plus).
Pierre, tu t’es envolé. Soudainement. Comme une étoile filante. Comme tes idées, tumultueuses parfois ; prolifiques, généreuses, toujours.
Avec toi Pierre, ça roule. Enthousiaste pour tout, parfois pour n’importe quoi ou pour n’importe qui. Sans jugement. Ni hâtif ni jamais. Pierre, tu fonces. Et c’est tant mieux si tu te perds en chemin. Un prétexte pour une rencontre fortuite. L’étranger, c’est l’ami que tu n’as pas encore croisé.
Tu lui parles en italien, en portugais, en peul.
Tu te dis citoyen du monde.
Tu vis en Algérie.
Tu émets au Brésil.
Tu t’émerveilles en Orient.
Tu t’inspires des sages de la Chine ancestrale.
Tu embarques tes élèves à Rome.
Tu y flânes, tu t’égares.
Personne ne t’en veut. Pas les collègues, pas les parents. Tu es trop bon. Tu es fraternel : tu tiens ton combat.
D’une brouille – deux de tes filles du collège – naît ton association, la nôtre : Fratern’Aide.
Des bancs de Sarcelles au pupitre de l’UNESCO. Tu t’investis et corps et âme et Marie-Annick, ta moitié. Désormais, vous jouez chaque tournoi en double.
Paris, Buenos-Aires, Ispahan. Vous apprenez en écoutant et en tissant. Tu écris des bouquins. Les mots mieux que la violence.
« Pourquoi tu traînes chez nous ? » Au pied de sa tour, un gosse t’apostrophe. Tu lui réponds.
En arabe dans le verbe. Tu ne cesses de sourire. Tu l’as conquis. Tu te marres. Lui aussi.
La douceur de ton regard, de ton expression, qui t’escorte sans doute encore là-haut.
Tu y as rejoint ta petite Agathe. Vous êtes beaux, légers, célestes. Nous, tes amis, tes proches, on est juste là, en contrebas.
J’écris des textes. Confus, comme ça vient. Autrement, tu m’aurais détesté. Si seulement tu en étais capable…
L’amour te convoie. C’est Jésus qui conduit. Mohamed co-pilote.
Tu voyages à l’arrière. Tu es humble.
D’un coup de dé, Pierre, tu nous as quittés. Mais on t’a rattrapé.
Ce site relooké, notre engagement revitaminé, c’est pour toi.
Et avec toi. Pour l’éternité.
Sami
******Bibliographie****
Pierre Benoit (1952- 2021) était le premier président de l’association FRATERN’AIDE qu’il avait co-fondé en 2008 avec des élèves de l’établissement scolaire où il était enseignant d’italien en banlieue parisienne.
Titulaire d’un doctorat en études italiennes, il était expert du programme Pestalozzi du Conseil de l’Europe pour la Lutte contre les discriminations, membre de EDU, groupe international de recherche-action en sciences de l’éducation, coordinateur du collectif éducatif Fratern’ED.
Relever le défi de la fraternité, était devenu petit à petit son engagement premier. Il se sentait un citoyen du monde, citoyen d’une communauté humaine, qui comme il aimait le citer avait fait dire à Martin Luther King « nous devons apprendre à vive comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ». Une de ses autres citations préférées était une parole de Gandhi
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »,